Pour vous donner une idée de ce qu’était une cuisine à l’époque du gouverneur Claude de Ramezay, entrez dans le Musée pour y voir les pièces du rez-de-jardin, dans les voûtes aux murs épais. Près de la cuisine, vous découvrirez sous la fenêtre une large pierre qu’on appelait le potager. Elle servait d’évier pour laver la vaisselle et nettoyer les légumes; ensuite l’eau usée s’écoulait à l’extérieur de la bâtisse et était récupérée pour arroser le jardin.
Et maintenant, à vous de jouer! Voici quelques succulentes recettes qui utilisent certains des aliments que vous pouvez découvrir dans le Jardin du Gouverneur. Ces recettes proviennent de livres de cuisine français qui circulaient en Nouvelle-France, au milieu du XVIII e siècle. Elles nous sont connues grâce aux travaux des historiens et sont tirées du livre de Martin Fournier: Jardins et potagers en Nouvelle-France – Joie de vivre et patrimoine culinaire (Septentrion, 2004, Québec), en vente à la boutique du Musée.
Si vous voulez imiter en tout le mode de vie des habitants de la Nouvelle-France, prenez également note de leurs habitudes concernant les repas! A table, la nourriture était servie dans des assiettes individuelles. On a d’abord utilisé la cuillère puis, au cours du temps, l’usage de la fourchette s’est répandu. Les gens avaient l’habitude d’utiliser leur propre couteau, qu’ils portaient toujours sur eux, dans une poche de leur pantalon ou de leur robe, et ils s’en servaient pendant les repas mais aussi en de nombreuses autres occasions.
Voici la nourriture que les Français ont l’habitude de prendre en cette saison-ci : au repas principal, on sert d’abord un potage fait d’un bouillon de viande, de tranches de pain de froment, et de diverse herbes aromatiques vertes; ce potage ne contient pas de morceau de viande. On a ensuite un plat de viande rôtie ou bouillie; quelquefois on fait rôtir la viande qui a été cuite dans le bouillon; le rôti est de bœuf ou de mouton; c’est presque toujours de la viande fraîche. Quelquefois, le troisième plat se compose de pois verts; on mange du pain de froment d’assez bonne qualité, mais ordinairement trop salé à mon goût; le sel est ris, bien que finement écrasé; pas assez de fromage, rarement du beurre, qui est ordinairement assez peu salé. Assez peu souvent de laitages; lorsqu’il y en a, cela consiste en du lait frais dans lequel on met du catlinet; on sert parfois des crêpes; comme boisson, du fin, c'est-à-dire, ordinairement du vin rouge et de l’eau, ou bien de l’eau pure, ou encore de la spruce-beer. Voilà le repas du midi ordinaire. Le soir on sert habituellement deux plats de viande rôtie, ou une fricassée et des pigeons rôtis; quelquefois du poisson grillé, que l’on sert parfois aussi à midi; le soir encore, de temps à autre, des baies avec du lait; le troisième plat est presque toujours de la salade, préparée selon le procédé habituel. – Perh Kalm
Voici la nourriture que les Français ont l’habitude de prendre en cette saison-ci : au repas principal, on sert d’abord un potage fait d’un bouillon de viande, de tranches de pain de froment, et de diverse herbes aromatiques vertes; ce potage ne contient pas de morceau de viande. On a ensuite un plat de viande rôtie ou bouillie; quelquefois on fait rôtir la viande qui a été cuite dans le bouillon; le rôti est de bœuf ou de mouton; c’est presque toujours de la viande fraîche. Quelquefois, le troisième plat se compose de pois verts; on mange du pain de froment d’assez bonne qualité, mais ordinairement trop salé à mon goût; le sel est ris, bien que finement écrasé; pas assez de fromage, rarement du beurre, qui est ordinairement assez peu salé. Assez peu souvent de laitages; lorsqu’il y en a, cela consiste en du lait frais dans lequel on met du catlinet; on sert parfois des crêpes; comme boisson, du fin, c'est-à-dire, ordinairement du vin rouge et de l’eau, ou bien de l’eau pure, ou encore de la spruce-beer. Voilà le repas du midi ordinaire. Le soir on sert habituellement deux plats de viande rôtie, ou une fricassée et des pigeons rôtis; quelquefois du poisson grillé, que l’on sert parfois aussi à midi; le soir encore, de temps à autre, des baies avec du lait; le troisième plat est presque toujours de la salade, préparée selon le procédé habituel.
– Perh Kalm
Traité historique et pratique de la cuisine, 1758.
La Varenne, Le cuisinier français, 1699.
Menon, La cuisinière bourgeoise, 1772.
Fait environ 36 à 40 ramequins de la grosseur de muffins ou de petits pains.
La Varenne, Le pâtissier français, 1699.